Matisse et Marguerite: le talent de père en fille.

Musee d’art Moderne de Paris (du 4 avril au 24 août 2025)

Une très belle exposition où les amateurs d’art avaient redoublé d’imagination pour accorder leurs robes, chemises et pantalons au fauvisme de Matisse. Du vert, du rose, des pastels, des fleurs, des pois, du bleu… Les visiteurs osaient les couleurs et les motifs. On aurait dit un défilé improvisé entre gens de bon goût dans les salles du musée.

Une ambiance rare

Dans ces derniers jours d’exposition, l’atmosphère était idéale : peu de monde, beaucoup de touristes — Italiens, Espagnols, Mexicains — et une vraie douceur pour flâner.

Moi, comme souvent, je laisse traîner mes oreilles. J’adore surprendre les confidences des visiteurs devant les toiles. Deux amies d’une cinquantaine d’années se régalent devant «Marguerite lisant». — « Ça paraît simple », dit l’une. — « On dirait que c’est fait au stylo », répond l’autre, le regard perdu dans le croquis.

Petits dialogues savoureux

Un autre duo attire mon attention : une mère et son fils hipster, sans doute artiste lui aussi. Il se compare à Matisse en soufflant : — « Je ne sais pas faire ça… poser les couleurs comme lui. » Sa mère acquiesce, philosophe : — « Ça s’apprend, ça s’apprend. »

Scènes de salle

Mes pas me mènent vers «Le Thé dans le jardin». Un couple de sexagénaires est assis face au tableau. Il reste une petite place à côté de la femme. Je m’assois. Devant nous, et nous cachant en partie l’œuvre, une dame en chignon serré prend en photo des détails du tableau : tantôt le chien se grattant les puces, tantôt le chat allongé sur les genoux de Marguerite… que des détails. Elle ne se soucie nullement de nous boucher la vue.

— « C’est pas cloche, sur des grandes pièces comme ça, toc : un peu la chaise, un peu le chien. Ça lui fait plein de petits tableaux », dit la dame à son époux. Son mari acquiesce en hochant la tête. La dame continue son monologue.

Plus loin, je recroise mes deux amies du début, cette fois concentrées sur le téléphone de l’une d’elles. Elles cherchent le nom d’une artiste corsetée, belle et célèbre, dont elles ne retrouvent pas le nom. Elle aussi a souffert, comme la fille de Matisse, muse discrète et fragile, qui apparaît sur la plupart des toiles avec un petit ruban noir autour du cou, cachant une opération de la trachée.

Devant «Le Paravent mauresque», une jeune femme cherche la copie du tableau sur Leboncoin, sans même se cacher. Un couple — dont la jeune femme avait visiblement assorti son amoureux à sa tenue — la regarde avec dédain en rangeant son téléphone. — « Elle pourrait faire ça après l’expo, quand même… »

Dernier conseil

👉 Foncez ! Il ne reste que quelques jours pour voir Matisse et Marguerite dans des conditions de rêve : peu de foule, des couleurs plein les yeux, et ce petit théâtre des visiteurs qui vaut parfois autant que les toiles elles-mêmes.